LA GAZETTE Beauce Perche et Thymerais
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Conférence Philippe COLLONGE à Chuisnes - 30 juillet 2022

Conférence de Philippe Collonge le 30/07/22 à Chuisnes

« L’Esprit français de Rabelais à Sacha Guitry »

 

C’est à un voyage à travers la littérature française que nous convie Philippe Collonge pour découvrir l’esprit français, qu’on pourrait définir comme l’esprit de répartie. Tel Surcouf, célèbre corsaire répondant à un officier anglais qui lui reprochait de se battre pour de l’argent, alors que les anglais se battent pour l’honneur : « chacun monsieur se bat pour ce qui lui manque le plus. »

 

Cet esprit français, Rabelais le préfigure au XVIe siècle avec ses Gargantua et Pantagruel, dans un esprit satirique prolifique en inventions de mots et de contrepèteries, notamment la célèbre « femme folle à la messe »

« femme molle de la fesse ».

Il popularise des expressions comme « retourner à ses moutons » ou « sauter du coq à l’âne ».  On trouve aussi dans Gargantua l’origine du nom de la Beauce, lorsque Gargantua contemplant le paysage rasé par la queue de sa gigantesque jument (grande comme 6 éléphants) chassant mouches et frelons : « Je trouve beau ce (ça) ».

 

Le XVIIe siècle voit des femmes d’esprit avec Madame Cornuel (« nul n’est un grand homme pour son valet de chambre » ou sur son lit de mort : « je me regrette déjà »), Madame de Sévigné et ses lettres à sa fille Mme de Grignan.

Mais aussi avec Madame de Maintenon, épouse de Scarron, auteur de pièces de théâtre dont le corps difforme le fit souffrir toute sa vie, « je suis fait comme un Z » disait-il. Elle prend sous sa protection Ninon de Lenclos qui répondait à un homme un peu pressant : « patience, attendez mon caprice, je vous ai réservé pour mon 80e anniversaire »

 

Un attachement particulier de Philippe Collonge pour Fontenelle (mort centenaire, chose rare à l’époque) et cette belle phrase : « de mémoire de rose, on n’a jamais vu mourir un jardinier ».

Il évoque aussi Voltaire et son Candide.

 

On se transporte ensuite dans les salons du XVIIIe siècle et le rôle essentiel de femmes comme Mme de Tencin, madame Geoffrin (qui financera la Grande Encyclopédie de d’Alembert), Julie Lespinasse, madame Delfand.

Philippe Collonge a une tendresse particulière pour Sophie Arnould, courtisane qui n’allait qu’où son cœur l’entraînait.

Nous poursuivons le voyage avec Rivarol, écrivain, journaliste et esprit piquant, Talleyrand réputé pour son esprit et son intelligence autant que pour son cynisme, jusqu’au XIXe siècle.

Duc de Morny 1811-1865 demi-frère de Napoléon III, Henri Rochefort, et Henry Monnier, créateur du personnage de Monsieur Prudhomme, bourgeois caricatural aux sentences ridicules (« C'est mon avis et je le partage. » « C’est l’ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d’artillerie, il serait encore sur le trône. »

 

Au tournant de la Belle époque nous trouvons enfin des plumes brillantes comme Alfred Capus, l’humour décalé d’Alphonse Allais, Georges Courteline, Jules Renard et son journal d’aphorismes au style désabusé, l’esprit de Lucien Guitry, père de Sacha. Et aussi une belle amitié entre Tristan Bernard et Sacha Guitry, esprit acerbe et pas toujours tendre.

 

Terminons avec cette phrase d’Alfred Capus : « Certains hommes parlent durant leur sommeil, je ne connais que les conférenciers qui parlent pendant le sommeil des autres ». Que Philippe Collonge se rassure, ça n’a pas été le cas.

 

 

Article préparé par Eve et Jacques TESSIER.

Avec les remerciements de LA GAZETTE

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